La Préhistoire
Les ancêtres des félidés vivant en milieu tropical, peu propice à la conservation des fossiles, les origines des félins restent incertaines. Les premières traces de “chat” remonteraient à 35 millions d’années avec le Nimravidae, une famille de carnivore maintenant éteinte. On est encore loin de nos gentils matous d’appartement..
Des enquêtes génétiques ont permis aux spécialistes d’identifier le Pseudaelurus qui vivait en Asie il y a 11 millions d’années comme étant le dernier ancêtre commun de tous les félins modernes. Les reconstitutions divergent quelque peu, et n’étant pas archéozoologue je me garderais bien de trancher, mais voici deux vues d'artiste pour alimenter nos imaginations.
Le Pseudaelurus aurait ensuite peu à peu colonisé le monde, donnant naissance à de nouvelles lignées au fil du temps.
Cette carte, et la une bonne partie des informations de cet post, sont extraits de la thèse soutenue par Constance GAGNON en 2021, à Lyon, pour l'obtention du grade de docteur vetérinaire - Je ne suis pas spécialiste, mais comme je vois sur internet qu'elle a reçu les félicitations du jury pour son travail, je me dis qu'elle ne raconte pas n'importe quoi donc je n'hésite pas à la citer. Pour la thèse complète, c'est ici : Felis catus: domestication, histoire, évolution génomique
L'Apparition de Felis Catus et sa domestication
Chat ganté, Felis silvestris Lybica
mnhn.fr - Le Felis silvestris lybica, aussi connu sous le nom de chat ganté, se différencie du Felis catus par ses très longues pattes au pelage annelé, ses grandes oreilles et ses coussinets noirs.
Peinture murale de la tombe de Nakht, “chat sous la chaise
Cercueil de chat (bois stuqué) et momie de chat, Basse Epoque (664-332 av. J.-C.), Musées royaux d'Art et d'Histoire, Bruxelles
Néanmoins, en 2004, des fouilles de d'un village néolithique (fin 9.000 - début 8.000 millénaire av. JC) sur l’île de Chypre ont révélé une sépulture rassemblant un homme et un chat (Félis sylvestris lybica) dans un contexte donnant à penser qu’il s'agirait a minima d’un rapprochement volontaire. De plus, les chats étant absents des îles méditerranénnes (à l'exception de la Sicile), les specimens présents ont forcément été importés - volontairement ou non - par bateau par l'homme.
A la question du journal Le Monde demandant s’il s’agissait “d'un individu sauvage sacrifié pour l'occasion, d'un chat de compagnie, d'un symbole ajoutant au prestige d'un chef”, son inventeur - Jean-Denis Vigne, alors directeur de recherche au CNRS et au Muséum national d'histoire naturelle - répondait “Impossible de le dire. Mais cette double sépulture est la marque d'une relation forte, quelle qu'elle soit”. Le Monde,9 avril 2004
Cette découverte pourrait avancer de 2.000 ans les prémices d’une domestication des chats, déjà avérée en Egypte depuis 3.600 ans.
Au regard de son origine, on constate que le chat n’était pas un très bon candidat à la domestication. Au contraire du chien qui vivait en meute avec une hiérarchie claire avant sa domestication, le chat était un chasseur solitaire, territorial et à l’alimentation quasi strictement carnivore (et donc très peu d’aptitudes à digérer autre chose que de la viande). La domestication pourrait s'être mis peu à peu en place, dans une sortie de relation gagnant/gagnant humain/chat. Pour le dire de façon un peu caricaturale, la sédentarisation de l’homme a généré un formidable grenier à mulots pour le chat alors que la présence féline permettait un meilleur contrôle des nuisibles pour l’humain.
Pour rappel, le chat est le seul félin à avoir été domestiqué par l’homme. On voit de nos jours quelques tentatives avec des lynx, des servals, voire des tigres ou des lions mais il s’agit d’initiatives isolées encore bien loin d’une réelle domestication.
Laissons la conclusion à Constance Gagnon qui sur le sujet de la domestication, conclut prudemment : "Les chercheurs ont donc pu affirmer qu’il y a environ 9500 ans, une étape précoce de domestication avait eu lieu à Chypre. C’est en de telles occasions que les possibilités de domestication des chats sont devenues apparentes. Le processus de domestication des chats a probablement été très progressif, conduisant au statut domestique que bien plus tard." p.54
Le Chat à la conquête du monde
Grand chasseur, le chat contribue à limiter la population de souris et autres mulots sans s'attaquer à la basse-cour, contrairement au furet ou la belette eux aussi parfois utilisés comme "dératisateurs". Jusqu'au IVe siècle de notre, c'est d'ailleurs souvent souvent le même terme qui sera utilisé pour évoquer les chats ou les belettes, rendant difficile une identification précise. Ce n'est qu'au Ve siècle que le nom de cattus (puis Catus) désignera le chat.
Malgré l'interdiction d'exportation décrétée en Egype durant des siècles, le chat a néanmoins peu à peu gagné le pourtour méditerranéen,suivant les routes commerciales et profitant probablemement des navires à grains où l'on peut raisonnablement présumer qu'ils étaient les bienvenus.
Mosaïque du chat, Pompéi
En ce qui concerne les Amériques, les chats sont arrivés avec les colons (entre 1500 et 1700) ; quant à l'Australie et l'Océanie, ils se sont déployés très lentement à partir des zones portuaires, avec les colons. Aujourd'hui, excepté en Antartique, le chat est présent sur toute la surface du globe.
La Diversification des races
Au fil du temps, les chats ont connu diverses mutations génétiques qui, en fonction de leur prévalence, de la taille de la population concernée, mais aussi de leur intérêt pour la survie des chats, ont pu disparaître, mais aussi parfois se fixer au sein d’un groupe. Certaines mutations sont le résultat des mélanges entre Felis catus et des chats sauvages. Les déplacements et arrivées dans de nouveaux écosystèmes - déplacements accélérés à partir de l’époque romaine par les échanges commerciaux - ont aussi favorisé de nouvelles mutations et des dérives génétiques. Au-delà de la sélection naturelle, il faut aussi compter avec l'influence de l'humain qui - avec la domestication - cherche à intervenir dans la sélection afin de privilégier les traits qui vont l'intéresser. Ainsi, il a été démontré que les caractères primaires de la domestication (absence d'agressivité, maturation rapide...) sont communs à tous les individus domestiques alors que les caractères secondaires peuvent n'être présents que dans une partie de la population. Par ses interventions volontaires, mais aussi par sa mobilité et la modification des environnements, l'homme a eu un impact important sur l'évolution des félins. Au fil du temps, la domestication a contribué à la modification du patrimoine génétique des chats.
Persan
Sphinx
Himalayen
Chartreux
British Longhair
Ocicat
Exception parmi les mammifères domestiqués, la plupart des races de chats ont été développées au cours des 150 dernières années. C'est surtout à partir du XIXe siècle que les hommes ont travaillé la sélection artificielle et ont, parfois involontairement d’ailleurs, fixé des mutations et modifié des caractéristiques anatomiques, comportementales et/ou physiologiques. La première exposition féline connue s’est déroulée à Londres en 1871 et ne présentait que 5 races de chats. A ce jour [25/10/2025], le Livre Officiel des Origines Félines - LOOF - en reconnaît 54 alors que The International Cat Association - la TICA - en accepte 73. Quant à l'ensemble des chats "non LOOF" en France - c'est à dire nos bons vieux chats de gouttière -, ils connaissent des modifications génétiques et font preuve d'une grande diversité.
Et parmi tous ces chats, se trouve notre cher Maine Coon. C'est un chat rustique dont les origines sont mal connues. Aux XVIIIe et XIXe siècles, les standards de races étaient loin d'être fixés comme ils le sont aujourd'hui et dans les écrits et les expositions, ont associait facilement tous les chats à poils longs - chats du Maine inclus - sous le nom générique d'Angora. Ce sont les efforts des éleveurs pour définir et fixer les standards qui ont conduit au Maine Coon tel que nous le connaissons aujourd'hui.
Pour en savoir plus sur la naissance de la race, c'est par ici... Histoire du Chat du Maine
Laisser un commentaire